Initié par une dynamique pluridisciplinaire (rassemblant géographe, sociologues, historiennes de l'art et de l'architecture, artiste), le projet de recherche « Penser depuis la frontière » s'est constitué par la création d’un espace de travail associant des enseignants chercheurs du CRENAU (UMR 1563 CNRS/ENSAG/ENSAN/ECN) de l'Ecole nationale d'architecture de Nantes et de l’Ecole supérieure des beaux-arts de Nantes Métropole.
Son titre, emprunté au philosophe Sandro Mezzadra , souligne notre position commune: comment travailler depuis la frontière ? Une question complexe induite par les importantes transformations contemporaines du monde. La frontière a donc d'abord été appréhendée comme enjeu de méthode, une occasion d’investir et d’engager une dynamique collective à même de produire des enquêtes, des écrits, des œuvres, relevant de thématiques de recherche variées.
À partir de ces projets de recherche imaginés et travaillés individuellement, il nous a été possible de nourrir des questions communes, tant sur les processus paradoxaux de la mondialisation que sur les mutations des outils théoriques et de la situation du chercheur. Ont été abordés notamment les effets transnationaux, les circulations et les migrations des idées, des références et des corps, la contemporanéité de plusieurs mondes, la coprésence temporelle de différentes épistémologies ou encore les processus d'invention de l'Autre.
Chacune de ces réflexions sur les mutations liées à la mondialisation s’ancrant dans les débats épistémologiques contemporains : d'où parlons-nous ? Quelle est notre situation par rapport à nos champs d'étude ? Quelles redéfinitions de nos approches et de nos outils théoriques opérons-nous ? Quels dialogues entretenons-nous avec les outils des intellectuels des Suds ? La frontière envisagée finalement comme sujet et méthode est le cadre épistémique interdisciplinaire qui permet d'analyser certaines pratiques et enjeux de méthodes, ainsi que de remanier paradigmes et concepts.